CDR#10 : Alerte au harcèlement au travail: l’enfer c’est les autres
Souvent banalisé ou ignoré le harcèlement moral est un gangrène en entreprise qui touche tout le monde. Après l’affaire France-Telecom et la demande du parquet de Paris en juillet dernier d’un procès pour harcèlement moral contre Mr Didier Lombard (ex-patron de France Télécom) ainsi que pour les sept dirigeants de l’époque, les chefs d’entreprises ne peuvent plus fermer les yeux. Pourtant malgré les mesures drastiques pour enrayer le harcèlement au travail, le phénomène ne semble pas faiblir en Guadeloupe. De plus en plus de salariés sont victimes de ce fléau professionnel qui consume le corps et l’esprit.
[Q] Quels sont les types de harcèlement au travail ?
Nous avons le harcèlement verbal qui est le plus commun avec les mauvaises blagues, l’utilisation de surnoms et les insultes.
Puis le harcèlement physique comme par exemple le harcèlement sexuel ou les attouchements.
Ces harcèlements peuvent venir d’un collègue qui créé un environnement intimidant ou d’un supérieur hiérarchique qui exerce un abus d’autorité par emails ou appels tendancieux, des paroles inappropriées ou des gestes déplacés.
Parfois les entreprises peuvent également mettre en place une politique de déstabilisation des salariés pour accélérer les départs au sein de l’entreprise.
[Q] Il y’a t-il des signes ?
Oui, souvent le harcèlement suit le mode ICE c’est -à-dire I : Isolation, C: Contrôle, E: Elimination.
On isole en cherchant la petite bête, en poussant à la faute, avec des critiques incessantes en vous isolant de vos collègues.
Puis on vous contrôle en vous donnant un traitement différent des autres, en vous diminuant devant vos collègues ou en vous infantilisant.
Et enfin, c’est l’estocade avec la phase d’élimination. Vous quittez votre emploi ou vous partez en congé maladie, vous faites une dépression ou vous vous suicidez comme pour les 35 employés de France-telecom en 2008-2009.
[Q] Les femmes sont-elles plus vulnérables que les hommes au harcèlement du management ?
Je dirais que oui. Lorsqu’on est une femme dans les secteurs privés ou publics, malgré les échelons gravis et les diplômes, on se retrouve toujours en situation inégale avec ses homologues masculins. D’ailleurs, selon une étude de INSEE datant de 2013, l’écart salarial entre une femme et un homme cadre est de 19% à secteur d’activité, âge, poste et conditions d’emploi similaires.
En outre, la politique d’emploi de la France qui impose de faire figurer sur son CV, sa photo, son âge, son statut n’arrange rien alors que tout ceci est interdit au Canada et considéré comme discriminatoire.
Donc une femme en entreprise va devoir se battre plus pour s’imposer. Elle se sent souvent obliger d’accepter plus de choses que ses collègues masculins pour rester ou obtenir ce qui lui revient de droit. Elle est comme sur un siège éjectable dont le bouton «EJECT» va dépendre de ses maternités, son poids, ses origines, ses collègues, etc…
[Q] Est-ce un problème essentiellement féminin ?
Non pas du tout. Le harcèlement au travail concernent tout le monde même si la gente féminine réagit à cela plus rapidement.
[Q] Quelles sont les solutions, si on subi un harcèlement au travail ?
Tout d’abord, il faut comprendre que lorsque vous signez votre contrat de travail, vous ne signez pas pour vous faire harceler. Donc, ne banalisez pas la situation et évitez de faire l’autruche car la situation ne disparaitra pas si vous ne faites rien. Elle va empirer.
Si vous subissez un harcèlement sexuel, réagissez immédiatement. Ne vous sentez pas coupable car ce n’est pas votre faute. Faites vous accompagnez psychologiquement et entreprenez des démarches avec l’inspection du travail et un conseil juridique.
Pour les autres types de harcèlement, voici cinq stratégies à adopter avant de faire intervenir les : service des ressources humaines, service juridique et syndicat :
1- Apprenez à dire non et à poser vos limites.
C’est comme avec les enfants du moment que vous autorisez un manque de respect, il devient difficile par la suite de changer les choses. C’est à la base, qu’il faut mettre ses limites tout en étant courtois et agréable. Vous serez testé de nombreuses fois par vos collègues mais c’est à vous d’être cohérent et de respecter vos propres règles sinon vous passerez pour un clown.
Exemple : Si je dis qu’entre 9h et 10h je ne prends pas d’appels pour travailler sur un dossier et que je réponds toujours quand on m’appelle durant cette période, cela n’est pas cohérent!
2- Apprenez à communiquer et à gérer différentes personnalités.
A titre d’exemple : Que faire si j’ai en face de moi une personne du type bulldozer qui écrase tout sur son passage ?
a- Je m’écrase et je fuis
b- Je deviens comme lui et je monte le ton
c- Je me fais respecter en maitrisant mon domaine
La réponse est «c», j’impose le respect par mes résultats.
3- Gérez vos émotions et écoutez-vous
Beaucoup de personnes ne s’écoutent pas. Votre corps est magnifique et vous lance des signaux pour lever le pied ou quand une situation n’est pas bonne pour vous. Mais on réagit souvent comme avec ce voisin ennuyeux en l’ignorant, jusqu’a ce que notre corps nous interpelle plus violemment avec le stress, l’insomnie, les maux de tête, la crise d’anxiété, les phobies et leurs conséquences. Apprenez à écouter votre voix intérieure et à réagir en conséquence rapidement.
4. Gérer votre temps selon la méthode du Dr Stephen Covey
Privilégiez les activités qui font avancer vos projets. Cessez de dépendre de l’agenda des autres. Car une fois que vous dépendrez de leur agenda, ils deviendront aussi exigeants que des dictateurs.
5- Travaillez votre estime de soi
Apprenez à vous aimer et à vous respecter. Comment voulez-vous que l’on vous respecte si vous ne le faites pas vous même !
Pour toutes les personnes en détresse, rapprochez-vous de votre service des ressources humaines, de votre syndicat ou de l’inspection du travail. Vous pouvez également faire appel à un conseil juridique. Contactez-nous à Karuthera si vous voulez apprendre à dire non, gérer vos émotions, votre estime de soi et votre agenda. Notre numéro est le 0590 47 30 19.
Sources
http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1565