CDR#25 : Comment gérer les tensions émotionnelles liées à une indivision successorale?
Faites-vous face à des problèmes d’indivision qui s’éternisent ? Colère, tristesse, rancœur, amnésie subite font partie des émotions et actions que vous devez gérer au quotidien de la part de vos proches ? Êtes-vous confronté à des parents qui oublient devant le gain que vous faites partie de la même fratrie ? Avez-vous l’impression que vous ne reconnaissez plus vos proches tant les émotions et les comportements sont déroutants ? Alors vous êtes à la bonne place, car aujourd’hui nous allons parler d’indivision et des séquelles que cela entrainent chez les familles et bien sûr de pistes pour s’en sortir.
[Q] Pourquoi est-ce si difficile émotionnellement de gérer une indivision successorale ?
Il est très difficile de gérer émotionnellement une indivision car n’oublions pas que l’indivision successorale survient après le décès d’un ou plusieurs parents. Donc on se retrouve encore en période de deuil la plupart du temps, avec les émotions à fleur de peau pour gérer collectivement un patrimoine et le partage de celui-ci.
Or l’indivision, n’est pas toujours facile à gérer pour les héritiers même si la loi précise que nul n’est contraint de rester dans l’indivision. Et cela surtout quand il existe déjà des tensions sous- jacentes dans les familles. Lors d’une indivision successorale, tous les problèmes et rancœurs non réglés ressurgissent à la surface et parfois peuvent vous exploser à la face. On peut voir cela par exemple : Si les parents ont privilégié un héritier plutôt que les autres ou s’il y a des enfants cachés,adultérins ou si un héritier a des rancœurs par rapport à un des parents survivants ou par rapport à ses frères et sœurs. L’indivision devient alors le moment de vengeance pour certains où ils seraient prêts à tout perdre plutôt que de trouver un consensus.
De plus pour ne rien arranger, les procédures peuvent être longues, fastidieuses et coûteuses avec le notaire et l’administration. En termes de coûts financiers, une indivision peut nécessiter une avance de fonds de la part des héritiers ou le versement d’une compensation financière imprévue (soulte) par un des indivisaires s’il reçoit un bien de valeur supérieure à ses droits de succession. Et bien souvent, les héritiers ne veulent pas forcement l’avouer ouvertement qu’ils n’ont pas toujours tous les fonds nécessaires pour ces avances de fonds ou l’envie de cotiser.
[Q] Doit-on alors renoncer à son héritage pour conserver de bonnes relations ?
Pas nécessairement. Vous pouvez faire un partage amiable des biens ou vendre le bien et partager équitablement l’argent provenant de la vente. Ou si vous avez un bien que vous voulez conserver dans la famille, vous pouvez accepter qu’un des indivisaires l’achète s’il en a les moyens. Vous pouvez également choisir de régler une fois pour toutes les veilles rancœurs pour le bien de tous et agir équitablement envers chaque indivisaire. Car pour toute personne spoliée, la vie se charge toujours de rétablir l’équilibre de son vivant ou via sa descendance comme nous en avons parlé précédemment lors de la dernière chronique concernant l’application des constellations familiales dans les relations.
[Q] Que faut-il faire alors pour calmer le jeu émotionnel entre les indivisaires ?
C’est une question complexe qui n’a malheureusement pas de recette magique. C’est vraiment du cas par cas où chacun des héritiers devra faire un travail personnel sur lui, apprendre à mieux communiquer avec ses proches et à gérer leur relation avec l’argent. Mais une chose est sûre, vous devrez apprendre à gérer des personnalités difficiles et surtout en colère.
Alors aujourd’hui j’ai quelques astuces pour désamorcer le conflit et neutraliser une personne en colère :
1- Évitez de dire : calmes toi , détends-toi ou de contenir la colère d’autrui. Car vous ne ferez qu’augmenter sa frustration et vous lui donnerez l’impression que vous voulez l’obliger à faire quelque chose que son corps refuse. La colère est une émotion qu’il faut laisser s’écouler. Donc, accordez un peu de temps à votre interlocuteur en colère avant d’interagir avec lui.
2- N’entrez surtout pas en résonance avec la personne en colère, c’est -à-dire n’agissez pas en réaction avec ce que l’autre vous emmène comme conflit en vous mettant vous aussi en colère. Si vous le faites alors vous prenez 50% de la responsabilité du conflit. Soyez détaché, ne le prenez pas personnel car il y a sûrement des éléments que vous ne connaissez pas qui expliqueraient la colère de l’autre.
3- N’argumentez pas et ne faites pas le malin. Je sais que c’est tentant mais comprenez que le contre-argument n’arrange rien. On sait que vous aussi vous pouvez dire des choses blessantes et que vous avez sûrement raison… mais est-ce vraiment nécessaire à ce stade-ci de le montrer quand vous cherchez à calmer le jeu? NON.
4- Pratiquez l’écoute active pour comprendre la véritable source du problème. Écoutez, non pas parce que vous cherchez à vous débarrasser du problème au plus vite mais surtout parce que vous partagez avec l’autre une relation d’amour, d’amitié ou de respect. Si vous aimez être respecté quand vous avez quelque chose à dire alors faites de même quand l’autre à quelque chose à dire.
Donc pour neutraliser une personne en colère vous devez: Respecter son émotion, Être détaché face à situation , Éviter la contre-argumentation, Pratiquer une écoute active. Et pour boucler la boucle et terminer le conflit une fois pour toute, je vous parlerais de la dernière étape lors de mon séminaire du samedi 3 juin «Comment gérer les personnes difficiles – spécial famille et couple».